« La controverse Derrida/Searle autour de la théorie des actes de langage » Marine Manouvrier

DERRIDA
« Le mouvement qu’entame Derrida dans Signature événement contexte va de la description de ce qui est le plus propre au langage écrit dans la première partie, à l’énonciation de la thèse qui défend que ces caractéristiques sont en fait applicables à tout type de langage. Ces caractéristiques sont les suivantes :
a) l’absence du destinataire et de l’émetteur,
b) son itérabilité structurelle qui permet son utilisation dans un autre contexte. Une fois cela posé, il s’attache à relever les apories de la thèse d’Austin à propos des énoncés performatifs. Ceci, comme nous le verrons plus loin, sera très vivement contesté par Searle dans sa Reply et donnera lieu à la fameuse controverse entre les deux philosophes »

AUSTIN

« Austin sera le premier à prendre de la distance par rapport à la vision informationnelle du langage. Le langage ne fait pas que dire quelque chose à propos d’autre chose, c’est-à-dire donner une information. Austin va s’écarter du point de vue classique qui veut qu’un énoncé représente nécessairement quelque chose qui est soit vrai, soit faux, « (je suis assez enclin, je l’avoue, à maltraiter) […] le fétiche vérité-fausseté ». Austin veut explorer une philosophie qui « décriraitla dépendance (du sens) aux usages du langage qui sont les nôtres ». Pour illustrer cela, il se penche sur l’étude du langage ordinaire et plus spécifiquement sur ce que l’on appelle les énoncés performatifs. »

source: La controverse Derrida/Searle autour de la théorie des actes de langage

derrida

Jacques Derrida

Limited Inc.

Présentation et traductions par Elisabeth Weber
 PRÉSENTATION
« Bien qu’il ait d’abord été écrit en français, ce livre de Jacques Derrida est, à bien des égards, la traduction d’un ouvrage américain. Publié en 1989 aux États-Unis, Limited Inc. retrace l’histoire d’un long débat qui commença en 1978 entre Jacques Derrida et John Searle, l’auteur bien connu de Speech Acts. La traduction aux États-Unis de “Signature événement contexte” (essai qui conclut Marges de la philosophie, Minuit, 1972) provoqua une vive réplique du professeur américain. Derrida répondit à son tour dans un long essai qui porte le titre du présent ouvrage. Au cours des douze années suivantes, aussi bien dans les milieux philosophiques que dans ceux de la théorie littéraire, les discussions, les polémiques et les prises de parti se multiplièrent autour de ce premier échange, le compliquant ou l’entraînant vers d’autres enjeux et vers d’autres lieux, aussi bien aux États-Unis qu’en Angleterre, au Japon, en Allemagne et en Italie. C’est pour cette raison que Gerald Graff, théoricien américain de la littérature et des institutions académiques, projeta de rassembler les premiers textes du débat et de les présenter en posant à Derrida une série de questions nouvelles. La réponse à ces questions constitue la longue postface, “Vers une éthique de la discussion”, qui clôt l’ouvrage ici reproduit, en somme, transplanté dans sa forme et dans son contexte d’origine, c’est-à-dire avec ses racines américaines. Mais un contexte se ferme-t-il jamais ? C’est l’une des questions ici débattues – et l’on peut espérer que la portée de cet échange débordera ses données initiales.
Vive et d’apparence parfois violente, à la fois grave et enjouée, livrée par Derrida à une sorte d’ironie expérimentale, cette discussion traite de problèmes nombreux mais entrelacés : l’interprétation et la tradition de la pensée d’Austin, l’auteur célèbre de How to do Things with Words (1962) qui inaugura la théorie des actes de langage ; les malentendus ou les chiasmes paradoxaux entre les pensées dites continentale et anglo-saxonne ; ladite “réception” de la “déconstruction” aux États-Unis ; les rapports entre l’écrit et l’oral ; le statut de la répétition et de la citation ; les oppositions entre langage performatif et langage constatif ; l’énoncé original, la répétition et la citation ; la distinction entre langage sérieux et langage ironique, fictionnel et non fictionnel ; le rôle des règles et des conventions dans l’expérience du discours ; l’équivoque, l’indétermination ou l’indécidabilité dans l’interprétation du texte – parlé ou écrit. À l’horizon, bien entendu, et parfois thématiquement traitées, quelques grandes questions classiques : rhétorique, logique et linguistique, la possibilité d’une philosophie ou d’une science du langage, la possibilité du sens, de la référence et de la vérité, mais aussi de l’éthique et de la politique, aux limites du milieu académique, en lui et hors de lui. À quelles conditions une discussion philosophique serait-elle possible aujourd’hui ? »
Elisabeth Weber
SOMMAIRE
Présentation, par Elisabeth Weber
Avant-propos de l’éditeur américain, par Gerald Graff
Signature événement contexte
« Réitération de différences : réponse à Derrida », par John R. Searle. Résumé par Gerald Graff
Limited Inc., a b c
Postface : Vers une éthique de la discussion

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